Takaful : l’assureur Cooperators lance l’assurance islamique au Québec

Quelque 114 sociétés proposent aujourd’hui des produits takaful dans le monde, c’est-à-dire des produits d’assurance islamique qui reposent sur la charia – la loi islamique – «interdisant l’incertitude (gharar), le jeu (maysir) et l’usure (riba)». Au Québec, seule Cooperators offre ce service.

Souscripteur senior pour la firme de réassurance Gen Ré, Roland Zaatar mentionnait en 2008 que 92% du marché Takaful se trouvait en Asie du Sud-est et au Moyen-Orient. L’Afrique, avec 7%, occupe la presque totalité du reste du marché. Cela laisse un mince 1% ailleurs sur la planète. Il estime que l’assurance Takaful atteindra 7,5 milliards de dollars américains en 2015.

« La takaful, qui s’appuie sur le principe de l’entraide, précise le Journal de la finance islamique, est née en Malaisie au début des années 1980. Encore pratiquement inexistante en Europe, elle pourrait séduire certains acteurs, également non musulmans, qui cherchent des placements éthiques dont les règles de base sont la transparence et le partage des bénéfices. »

Le président-directeur général de Takaful Re Ltée, Chakib Abouzaid, précise que « née en 1984, la retakaful – réassureur takaful – ne s’est vraiment développée qu’en 2005, grâce à l’essor de l’assurance islamique ».

Au Québec, Cooperators est le seul assureur à offrir ce service. « Nous avons développé un programme d’assurances Takaful, basé sur les principes de la charia, afin de répondre à des besoins exprimés par deux coopératives d’habitation, l’une à Toronto et l’autre à Montréal, confirme Martin-Éric Tremblay, premier vice-président de Cooperators. Une trentaine de nos clients bénéficient de cette assurance de type propriétaire-occupant. »

À certains égards, ce type d’assurance rejoint les principes coopératifs éthiques. Les surplus doivent être redistribués aux membres et bénéficier à la communauté. De plus, les investissements dans certains secteurs, dont l’armement et l’alcool, sont interdits.

« La charia touche un aspect financier plus délicat dans le régime juridique canadien, mentionne Martin-Éric Tremblay. Les placements fondés sur Takaful ne peuvent générer aucun revenu d’intérêts. Or, la Loi sur les assurances nous oblige à investir 70% de nos actifs dans des placements conservateurs. Ceux-ci sont essentiellement composés de revenus d’intérêts. Cette particularité nous a protégés lors de la récente crise financière, mais a freiné le développement des produits d’assurances fondés sur la charia, beaucoup plus présents en Europe. »

Cooperators a lancé l’assurance habitation Takaful en 2007 et développe actuellement un produit conforme à la charia pour l’assurance-vie.

« La règle du 70% ne s’applique pas à chacun des programmes individuellement, mais à l’ensemble de nos investissements, précise M. Tremblay. Nous avons donc développé un programme technique particulier pour investir à la bourse la totalité des revenus provenant du programme Takaful. Cooperators gère 2,1 milliards de prime par année. La possibilité d’investir 30% de ce montant dans des véhicules ne percevant aucun revenu d’intérêts nous laisse encore une grande marge de manœuvre. »

Par André Giroux, Conseiller.ca – Rewriting : RIBH.

Voir aussi : Islamic Home Finance & Halal Mortgage – America