Finance islamique : le Maroc aura son marché interbancaire participatif

billet 200 dirhams Maroc

Le refinancement des banques islamiques ne pouvant se faire sur le marché interbancaire classique, le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, annonce la création d’un marché interbancaire participatif qui permettra aux banques participatives d’assurer leur liquidité.

Sur le marché interbancaire conventionnel, les banques échangent entre elles des actifs financiers et empruntent ou prêtent à court terme. C’est également le lieu où les banques centrales interviennent pour injecter ou retirer des liquidités, ce qui permet d’équilibrer le bilan des banques commerciales en cas de crise de liquidités.

Selon le spécialiste de la finance islamique Anouar Hassoune, le recours combiné de la titrisation et des produits dérivés offre aux banques islamiques de réelles perspectives de réduction de leurs expositions au risque, leur permettant par voie de conséquence d’améliorer leur capacité de répondre en temps et en heure à leurs échéances.

Cependant, les dérivés conformes à la loi islamique sont encore rares et une réelle ouverture des banques islamiques sur les marchés de capitaux serait nécessaire afin d’optimiser leur mécanismes de gestion de risque de marché et de liquidité. Ces risques pourraient considérablement être atténués par le recours aux produits structurés innovants, conçus à cette fin.

Produits monétaires islamiques

Dans sa publication de recherche «L’innovation en ingénierie financière Islamique », un autre spécialiste, Khalil Labniouri cite l’exemple de la Malaisie qui a expérimenté une initiative novatrice de marché interbancaire basé sur une Moudaraba au jour le jour, ainsi que d’autres méthodes utilisées dans les pays du Golfe pour la gestion de liquidité interbancaire tels que les Quard Hassan Parallèles interbancaires avec des lignes réciproques entre établissements.

L’expert rappelle cependant que le modèle basique de commodity-based mourabaha reste l’instrument de gestion de liquidité le plus utilisé :

commodity-based mourabaha
Schéma Wakala – Mourabaha

La plupart des acteurs de l’industrie financière islamique considèrent les dérivés comme hautement spéculatifs. Mais en réalité, explique dans son étude Khalil Labniouri, les banques islamiques recourent effectivement à l’usage implicite et parfois même explicite de produits dérivés.

Le rejet par la finance islamique des transactions à fort effet de levier, impliquant les dérivés aux fins de transfert de risque, prive les banques islamiques d’intéressantes possibilités de réduire le risque de marché et indirectement renforcer leur liquidité.

Le PDG du Groupe Banque Populaire, Mohamed Benchaâboun, estime pour sa part qu’une période d’adaptation est nécessaire pour le développement de la finance participative au Maroc. Il indique que les intervenants marocains seront confrontés à des difficultés inédites, notamment sur les moyens de gérer les ressources disponibles, et ce, en l’absence d’un marché des capitaux Halal. Comment rentabiliser ces avoirs alors que les instruments adéquats ne sont pas encore disponibles s’interroge-t-il.

En comparaison avec les banques conventionnelles, la gestion des liquidités est une contrainte forte pour les banques islamiques. Celles-ci doivent innover, sans augmenter le risque systémique, tout en respectant la Charia. Une véritable performance !

RIBH

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