Entretien avec Abdelbari Zemzmi, imam à Casablanca
· L’Economiste: Que pensez-vous des solutions islamiques Ijara, Moucharaka et Mourabaha autorisées dernièrement par Bank Al-Maghrib?
– Abdelbari Zemzmi: Il faut d’abord préciser que ces solutions existaient bien avant l’avènement de l’Islam. Elles étaient employées pour les échanges commerciaux dans la péninsule arabique. La doctrine islamique les a approuvées après avoir prohibé les transactions usurières. Ceci dit, les nouvelles solutions de financement autorisées au Maroc ne présentent aucune contradiction avec la doctrine islamique. Même avec la marge de 100% appliquée par les banques, Mourabaha et Ijara restent halal. En effet, cette marge est raisonnable puisque la valeur des biens immobiliers doublera certainement au bout de la période de financement, qui peut atteindre 25 ans…
· Du point de vue religieux, peut-on contracter ces financements sans une fatwa officielle du Conseil supérieur des oulémas attestant de leur caractère halal?
– On reproche d’ailleurs au Conseil des oulémas l’absence d’un avis officiel par rapport à ce sujet. Les membres du CSO ont protesté contre la fatwa de cheikh Youssef El Karadawi, l’année dernière. Mais jusqu’à maintenant, ils n’ont pas tranché la question. Ce manque de fatwa est un blocage pour les personnes désirant financer leur logement par des solutions halal. Toujours est-il que la doctrine religieuse est claire. Elle n’a pas besoin d’une fatwa pour être mise en exergue.
· Certaines voix au sein du CSO contestent les nouvelles solutions de financement, en évoquant des origines haram?
– Cet avis est fortement contestable. Le prophète et ses compagnons ont eu des échanges commerciaux avec des non musulmans tout en en étant conscient que leur argent était d’origine haram. Du moment que la transaction entre la banque et son client est halal, il n’y a pas lieu de s’interroger sur l’origine des fonds prêtés. D’ailleurs, les produits financiers islamiques sont en plein essor en Europe ou l’origine des fonds est incontestablement haram.
Propos recueillis par Nouaim SQALLI, L’Economiste 30/10/2007