Les banques islamiques sont les moins affectées par la crise

The post American world

Les banques islamiques ont été largement à l’abri de l’effondrement, car elles prohibent l’acquisition de richesses par le jeu (ou l’alcool, le tabac, la pornographie ou les actions dans les compagnies d’armement) et interdisent l’achat et la vente d’une dette, ainsi que l’usure. De plus, les lois bancaires de la Charia interdisent d’investir dans une compagnie dont les dettes excèdent 30 %.

« Les institutions bancaires islamiques ne se sont pas effondrées pour la simple bonne raison qu’elles transigent avec des actifs tangibles et assument les risques », affirme Mohammed Ramady, professeur d’économie à l’Université du Pétrole et des Ressources Minérales du Roi Fahd. « Même si les banques islamiques font partie de l’économie mondiale, l’impact d’une exposition directe aux investissements dans le crédit hypothécaires à risque a été négligeable. La réduction des liquidités a particulièrement affecté Dubaï, qui a contracté de gros emprunts au niveau international. L’effet le plus négatif aura été la perte de confiance dans les bourses régionales. » Les nations arabes ayant un surplus de pétrole « reconsidèrent donc leurs investissements dans les actifs financiers à l’étranger » et accélèrent leurs projets nationaux.

Il y a huit ans, en mai 2000, le banquier islamique saoudien Dr. Nayef Bin Fawaz al Chaalan a donné une série de conférences dans les États du golfe. À l’époque, ses recherches démontraient que les investissements arabes aux États-Unis, se chiffrant à 1,5  billions de dollars, étaient effectivement pris en otage et il recommandait de les retirer et de les réinvestir dans des actifs tangibles du marché arabe et islamique. « Pas dans des actions par contre, car la bourse peut être manipulée à distance, comme nous l’avons vu ces dernières années dans les marchés arabes, où des milliards de dollars se sont évaporés. »

Il a alors annoncé qu’il était certain que le système économique étasunien était au bord de l’effondrement, en raison de ses dettes cumulatives, de l’accroissement constant de son déficit, et de l’intérêt sur cette dette. « Lorsque les dettes et les déficits arriveront à échéance, ils émettront tout simplement de nouveaux bons du Trésor, afin de couvrir les vieux bons échus, avec leurs intérêts et un nouveau déficit ». On ne peut arrêter le cycle ou annuler la dette parce que les États-Unis ne seraient plus en mesure d’emprunter. Le fait de remédier à ce cycle aurait pour conséquence l’effondrement de leur système économique, par opposition au krach partiel, bien qu’énorme de 2008.

« Les banques islamiques, affirmait le Dr. al Chaalan, protègent toujours la richesse des individus tout en mettant un bouchon sur l’égoïsme et l’avarice. Il possède le meilleur du capitalisme, en filtrant ce qu’il a de négatif, et le meilleur du socialisme, en filtrant aussi ce qu’il a de négatif ». Les deux systèmes devaient inévitablement échouer. De plus, l’Europe et le Japon n’avaient plus à être tenus responsables et redevables aux États-Unis pour la protection contre les Soviets.

« La différence fondamentale entre le système économique islamique et le système capitaliste, poursuit-il, est que dans l’Islam, la richesse appartient à Dieu, l’individu n’étant que son administrateur. C’est un moyen et non une fin. Dans le capitalisme, c’est l’inverse : l’argent appartient à l’individu et est un but en soi. Aux États-Unis, spécifiquement, l’argent est vénéré comme un Dieu. »

En somme, le krach du système économique mondial est le résultat de l’arrogance fiscale des États-Unis, fondée sur un type de règlements pour eux, et un autre pour le reste du monde. Sa finance créative accrue a leurré son peuple en lui donnant un faux sentiment de sécurité, et le pays ressemble désormais à l’échec total du capitalisme.

Tout l’exercice de la démocratie par la force contre les nations arabes musulmanes a presque mis les États-Unis en faillite. La guerre froide est terminée et les États-Unis n’ont rien à offrir : pas d’exportations, pas de production, peu de ressources naturelles, ni d’économie dans le secteur des services.

Les marchés ayant résisté le plus aux politiques américaines, en restreignant les investissements directs aux États-Unis, sont ceux-là même qui se débrouilleront le mieux et finiront premiers. Mais pas avant d’avoir payé un prix très élevé.

Extrait d’un article en anglais, « Death of the American Empire, America is self-destructing & bringing the rest of the world down with it », publié le 23 octobre 2008 par Tanya Carina Hsu. Traduit par Julie Lévesque pour Mondialisation.ca.

Tanya Carina Hsu est chercheuse en politique et analyste spécialisée dans les relations entre l’Arabie Saoudite et les États-Unis. Elle a été la première à briser le silence à propos de l’influence israélienne sur le processus décisionnel de la politique étrangère américaine, lors du symposium « A Clean Break », qui se tenait à Washington, D.C., à la colline du Capitole en 2004. À l’époque directrice du développement et analyste à la recherche senior de l’Institut de recherche sur la politique au Moyen-Orient (IRmep), Mme Hsu demeure un membre international de l’Institut.

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