La finance islamique émerge au Canada

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La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) va dépenser jusqu’à 100.000 $ pour mener une étude évaluant comment accommoder les musulmans qui désirent s’acheter une maison tout en respectant la charia. La société d’État a en effet lancé un appel d’offres le 18 décembre 2007 pour la réalisation d’une étude sur les prêts hypothécaires respectueux de l’islam. «Le crédit hypothécaire conforme à la charia gagne en intérêt à l’échelle internationale. Il y a aussi un intérêt grandissant au Canada», confirme au Journal Stéphanie Rubec, porte- parole de la SCHL.

L’idée est de savoir de quelle façon les Canadiens de religion islamique peuvent être accommodés. En effet, les prêts hypothécaires posent problème car la loi coranique interdit le paiement d’intérêts. Or, si le nombre de clients musulmans désirant accéder à la propriété augmente depuis plusieurs années au Canada, les banques ignorent comment les servir. «On a donc décidé de mener une étude pour savoir ce qu’est le crédit conforme à la charia, comment il est pratiqué à l’étranger et comment on peut l’appliquer au pays», explique Mme Rubec.La SCHL emboîte ainsi le pas au Bureau du surintendant des institutions financières. L’organisme a déjà annoncé qu’il examinait des questions réglementaires relatives aux services financiers islamiques.

Jusqu’ici, seule la coopérative d’habitation Qurbuta, basée à Montréal, permet aux musulmans d’ici d’acheter une demeure conformément à leur foi (voir l’article ci-dessous). Ses moyens limités ne suffisent toutefois pas à la demande.

Et malgré la fatwa lancée par le fondamentaliste égyptien Youssef al- Qaradawi, prédicateur vedette de la chaîne de télévision al-Jazira, invitant les fidèles à faire affaires avec les banques, les musulmans sont réticents. «Ça va à l’encontre de leurs convictions, explique l’iman Mohamed Aziz Chraibi du Forum musulman canadien. Les banques auraient pourtant intérêt à offrir ce service. Les besoins sont grands.» La SCHL refuse de se prononcer sur l’impact d’un tel accommodement sur l’opinion québécoise. «L’étude nous éclairera là-dessus», dit Mme Rubec. «Les gens n’ont rien à craindre, explique pour sa part Rachid Antonius, professeur de sociologie et spécialiste des questions islamiques à l’UQAM. Ce n’est pas un privilège discriminatoire. C’est simplement une autre façon de faire des affaires.»

L’appel d’offres prend fin le 24 janvier 2007. La firme qui remportera la mise devra livrer son étude d’ici la fin de l’année 2008. Elle sera rendue publique ultérieurement et servira de document de consultation pour les institutions financières et les Canadiens.

Louis Mathieu Gagné, Le Journal de Montréal 21/01/2008

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