L’ingénierie financière islamique : conformité à la Chari’a, profitabilité et exigences de développement. Si les principes de base de la finance islamique semblent définitivement établis, l’innovation financière islamique existe et demeure en pleine évolution.
L’ingénierie financière islamique en est encore à ses débuts, notamment comme instrument de lutte contre l’exclusion sociale et la pauvreté. Elle constitue à ce titre un véritable creuset pour des initiatives originales répondant aux besoins exprimés par la société.
L’accroissement des produits financiers islamiques est généralement limité à la re-conception des produits conventionnels pour répondre aux exigences des lois contractuelles et commerciales islamiques. Une vue plus large de la conformité à la Chari’a demeure nécessaire afin de débattre et de proposer une nouvelle génération de produits financiers islamiques qui tende vers un développement véritable et durable où l’Homme, l’éthique, la rentabilité, la performance économique et l’environnement seraient au centre des préoccupations.
Certes, les aspirations sont plus grandes, mais seule une ingénierie financière pertinente, cohérente et performante, voire moderne et créative, puisant dans l’immensité du Fiqh al Mouamalat, dans un esprit chariatique épanoui, novateur et indépendant, serait à même à faire sortir cette jeune industrie du sentier battu des produits réplicatifs « Shari’a Compliant » vers de nouveaux instruments propres « Shari’a Based ».
Toutefois, vu la carence manifeste en capital humain qualifié et à double compétence financière et chariatique (Fiqh al Mouamalat et Ousoul al Fiqh), la recherche en ingénierie financière islamique industrieuses reste très timide, elle bute fréquemment sur le faible cadrage financier des Scholars, eux-mêmes freinés dans leur élan par la faible actualisation du Fiqh Al Mouamalat.
Des efforts ont récemment été accomplis dans des pays tels que la Malaisie, l’Egypte et Bahreïn en vue de traiter cette question ainsi que l’ambiguïté issue des différentes interprétations de la Chari’a. Ces questions devraient s’estomper dans un avenir proche grâce aux progrès réalisés par les organismes de supervision tels que l’Islamic Financial Service Board (IFSB), l’International Islamic Financial Market (IIFM), l’Accounting and Auditing Organization of Islamic Finance Institutions (AAOIFI), et bien d’autres encore. Enfin l’ingénierie financière islamique aura besoin aujourd’hui de construire un business modèle, fiable, moderne, complet et global.
Article original : Forum International de Sfax sur la Finance Islamique (Tunisie)
Lire aussi : Communiqué relatif aux inscriptions au Doctorat en Fiqh Malékite de la Faculté de la Charia de Fès (Maroc)
Source : Le Journal de la Finance Islamique
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