Au Maroc, les débats suscités par le développement progressif des produits financiers dits « alternatifs » au sein du pays ne perdent pas en intensité depuis l’ouverture tardive opérée par la banque centrale. En 2007, Bank Al Maghrib avait autorisé les banques marocaines à commercialiser les financements de type ijara, mourabaha et mousharaka. Plus récemment, en 2009, les financements salam et istissnaâ sont venus compléter la panoplie des produits Charia compatibles.
La suppression des blocages fiscaux qui entravent le développement des services financiers respectant la Charia, et la création de produits d’épargne Charia compatibles, permettraient de « capter les capitaux des citoyens marocains qui ne veulent pas déposer leurs revenus dans les banques conventionnelles ». Et favoriseraient la confiance de millionnaires pieux dont les fortunes restent inaccessibles. L’argument est d’autant moins anecdotique que l’économie marocaine pêche par son faible taux de bancarisation (environ 80% de la population n’a pas de compte en banque).
De plus, nombreux sont les émigrés marocains qui pourraient déposer leurs économies dans des banques islamiques depuis la France, la Hollande ou l’Espagne. Une enquête IFOP récente montre par exemple que près de la moitié des musulmans vivant en France seraient intéressés par un contrat d’épargne qui respecte l’éthique islamique.