En pleine menace de récession économique mondiale, Dubaï, un émirat du Golfe habitué au gigantisme, va inaugurer le 4 novembre 2008 l’un des plus grands centres commerciaux de la planète, qui, avec 1.200 magasins, ambitionne d’attirer en un an jusqu’à 30 millions de visiteurs.
Situé au pied de « Burj Dubai », une tour en construction de 700 m de haut, déjà la plus haute du monde, « Dubai Mall » s’adresse à « une clientèle qui demande un genre différent de centres commerciaux », affirme son directeur général, Youssef Al-Ali, sur le site Internet du projet. Comme partout ailleurs dans le Golfe, où le shopping constitue l’occupation principale des habitants, la vie sociale à Dubaï s’articule autour des centres commerciaux.
Outre ses 1.200 boutiques, un souk de l’or et un hôtel de luxe de 250 chambres, le « Dubai Mall » se veut aussi un lieu de divertissement avec plus de 120 restaurants et cafés, 22 salles de cinémas, un aquarium géant, une patinoire de taille olympique et une « Avenue de la Mode », selon son promoteur, Emaar Malls Group.
Cette société est une filiale du géant immobilier Emaar, l’un des pionniers des projets pharaoniques qui ont fait la réputation de Dubaï dans le monde. Contrôlé par le gouvernement de l’émirat, Emaar est actuellement en chute libre à la Bourse locale.
Emaar place de grands espoirs dans l’inauguration de ce centre commercial, l’une des principales composantes d’un nouveau quartier, « Downtown Burj Dubai », dont le coût total est estimé à quelque 20 milliards de dollars.
D’abord annoncée pour fin 2006, l’ouverture du « Dubai Mall » a été reportée une première fois à fin août 2008, puis au 30 octobre, avant d’être fixée au 4 novembre, officiellement pour « terminer certains travaux d’infrastructure », selon Emaar.
Mais certains à Dubaï se demandent si la ville, qui compte déjà une pléthore de centres commerciaux, a besoin d’un nouvel établissement de cette taille, surtout dans le contexte économique actuel. Le projet a bien sûr été conçu et lancé en période de pleine croissance, alors que personne ne pouvait imaginer la crise financière actuelle et la récession qui menace les pays occidentaux.
« Les effets de la crise financière se font sentir dans tous les pays, y compris aux Emirats, où l’attractivité des centres commerciaux risque de souffrir des restrictions imposées par les banques à l’utilisation des cartes de crédit », explique à l’AFP Eckart Woertz, directeur du département économique au Centre de Recherche du Golfe, un institut basé à Dubaï. En outre, poursuit-il, « le pouvoir d’achat des habitants de Dubaï et d’Abou Dhabi a baissé ces dernières années en raison du coût de plus en plus élevé du logement ».
Le tourisme est devenu l’un des moteurs du développement économique de Dubaï, mais « la crise financière pourrait avoir comme conséquence de réduire le nombre des visiteurs étrangers, notamment occidentaux », ajoute-t-il. « Même si les touristes continuent à affluer aux Emirats, ils dépenseront moins que par le passé ».
Les promoteurs du projet se veulent pourtant optimistes. « Nous prévoyons que le ‘Dubai Mall’ accueillera plus de 30 millions de visiteurs du monde entier durant la première année », assure ainsi le Directeur Général d’Emaar Malls Group, Jim Badour, sur le site Internet du projet.
Un analyste, Ibrahim Khayat, estime cet optimisme justifié. « Dubaï, où se trouvent 35 à 40% des centres commerciaux dans la riche région pétrolière du Golfe, reste une destination de choix pour le shopping dans le monde arabe, en Asie et en Afrique », dit-il à l’AFP.
D’ailleurs, affirme-t-il, « malgré la crise mondiale, il n’y a pas de baisse des réservations dans les hôtels ni du trafic aérien (vers) Dubaï », destination très prisée des familles et des hommes d’affaires, « mais aussi d’une riche clientèle à la recherche des derniers articles de mode ».
AFP – Le Matin